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27 mars 2024 11 h 10 min

Le Livret A finance-t-il le nucléaire?

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Le Livret A est en plein dilemme face à une question de richesse : comment gérer ces fonds massifs ? Cette épargne atteint la somme de 420 milliards d’euros et même près de 650 milliards d’euros si on compte également les fonds du Livret de développement durable et solidaire (LDDS) et du Livret d’épargne populaire (LEP), selon les données dévoilées le 20 mars par la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Grâce à l’épargne excédentaire des années Covid et l’augmentation des taux d’intérêt de ces trois types de livrets en 2022 et 2023, le montant placé sur ces livrets a augmenté de plus de 40 % depuis le début de 2020.

Cet argent n’est pas inactif. Pour chaque euro déposé, une certaine somme est conservée par la banque, qui l’utilise notamment pour prêter à des PME, pour financer la transition énergétique et la réduction de l’empreinte climatique ainsi que pour soutenir l’économie sociale et solidaire. Le reste est « centralisé » à la CDC dans le fonds d’épargne.

A la fin de 2023, ce fonds disposait d’un solde d’épargne réglementée de 370 milliards d’euros, ainsi que de 16 milliards de fonds propres. Ces fonds étaient utilisés dans une large mesure sous forme de prêts, principalement pour le logement social et la politique de la ville, tandis que le reste était principalement investi en obligations et en actions. Des réflexions sont en cours sur la manière de gérer ces fonds.

L’idée de financer la relance du nucléaire voulue par le président Emmanuel Macron à travers des emprunts au fonds d’épargne à EDF est favorablement accueillie par Eric Lombard, le directeur général de la Caisse des dépôts. Il a clairement exprimé cette position à plusieurs occasions. « Nous sommes impliqués dans les discussions sur les méthodes de financement (…). Des prêts sur une durée de quatre-vingts ans sont nécessaires, ce qui ne pose aucun problème pour le fonds d’épargne », a-t-il déclaré le 21 mars, répondant à une question du Monde lors de la présentation des résultats financiers annuels de son groupe.

Lombard affirme que le fonds a amplement les moyens de financer de nouvelles initiatives, et par conséquent, ces nouveaux prêts n’affecteraient pas le financement du logement social.

Cependant, Emmanuelle Cosse, la présidente de l’Union sociale pour l’habitat, qui représente les bailleurs sociaux, appelle à la circonspection: « Je ne suis pas inquiète quant à la quantité de ressources disponibles. Cependant, EDF devra accepter les conditions des prêts du fonds d’épargne. Il serait inacceptable de suivre des règles différentes des nôtres. Il se murmure qu’ils préféreraient des taux d’intérêt plus bas et fixes. »

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