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26 mars 2024 15 h 10 min

Première transplantation rein porc modifié humain

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Pour la première fois, un rein de porc génétiquement modifié a été transplanté sur un patient vivant. C’est le Massachusetts General Hospital (MGH) à Boston qui a partagé cette nouvelle dans une annonce officielle le jeudi 21 mars. Selon l’hôpital, cette transplantation offre une nouvelle perspective pour résoudre le problème chronique de pénurie de dons d’organes. Le MGH est aussi l’hôpital où la première transplantation rénale au monde a été réalisée en 1954.

Le patient, Richard Slayman, 62 ans, souffrait d’insuffisance rénale chronique due à son diabète de type 2 et à l’hypertension artérielle. Il se rétablit bien après la transplantation effectuée le 16 mars. C’est un signe encourageant mais il est encore tôt pour confirmer le succès à long terme de cette intervention.

En 2018, Richard avait reçu un rein d’un donneur humain décédé, mais l’organe a commencé à se détériorer cinq ans après la greffe, le forçant à reprendre les séances de dialyse en mai 2023, selon l’hôpital. Il a ensuite connu de sérieuses complications. Richard a commenté que les médecins lui ont expliqué en détail les avantages et les inconvénients de la procédure. Il espère que cette greffe donnera de l’espoir à des milliers de personnes nécessitant une greffe pour survivre.

Des reins de porc génétiquement modifiés ont déjà été transplantés sur cinq humains en état de mort cérébrale, la première fois en septembre 2021 par des chirurgiens du NYU Langone Hospital à New York. Deux autres patients vivants ont reçu une transplantation cardiaque d’un porc génétiquement modifié, mais sont décédés quelques semaines après.

Le rein a été fourni par eGenesis, une entreprise basée à Cambridge, Massachusetts, et est issu d’un porc qui a subi 69 modifications génétiques grâce à la technologie Crispr-Cas9. Le but de ces modifications était de supprimer les gènes du porc considérés comme « nuisibles » et d’incorporer certains gènes humains pour augmenter la compatibilité avec le corps humain. Les scientifiques ont également désactivé les rétrovirus endogènes porcins (PERV), couramment présents dans tous les porcs, pour éviter tout risque d’infection pour le receveur du greffon.

Il y a eu de nombreux défis à surmonter tout au long de ce processus. Au cours des cinq dernières années, Massachusetts General Hospital et eGenesis ont travaillé ensemble sur des recherches approfondies. Les résultats de leurs efforts ont été publiés dans la revue Nature en 2023.

« C’est un progrès significatif, il n’y en a pas eu de comparables ces quarante dernières années, mais nous devons rester prudents », prévient Alexandre Loupy qui dirige l’Institut de transplantation et de régénération d’organes de Paris (Pitor, Université Paris Cité, Inserm, AP-HP). Il collabore étroitement avec les équipes américaines de transplantation. Valentin Goutaudier, néphrologue et chercheur au Pitor, partage son opinion.

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