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24 mars 2024 10 h 09 min

Stratégie de Kiev contre Russie

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D’après les déclarations ukrainiennes, c’est l’attaque la plus massive que la Russie ait lancée contre leurs infrastructures énergétiques depuis le début du conflit il y a un peu plus de deux ans. Le 22 mars dernier, environ 150 missiles et drones ont ciblé des installations dans huit régions différentes de l’Ukraine, entraînant de graves pannes d’électricité, de gaz et d’eau, particulièrement dans les villes de Kharkiv, Dnipro, Soumy, Odessa et Kryvy Rih. Ces bombardements auraient coûté la vie à cinq personnes, selon les responsables locaux.

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux le vendredi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a affirmé que « plus de 60 Shahed [un drone kamikaze iranien] et près de 90 missiles de divers types » ont été lancés contre des centrales hydroélectriques et thermiques. Les Ukrainiens prétendent avoir réussi à abattre 55 des 63 drones lancés contre leurs installations, mais une cinquantaine de missiles balistiques et de croisière, y compris des Kinjal hypersoniques, auraient réussi à percer leur défense antiaérienne. La plus grande centrale hydroélectrique de l’Ukraine, située sur le Dniepr, a été frappée par huit missiles, causant des « dommages très significatifs ».

Dans une déclaration publiée vendredi sur Telegram, le ministère de la défense de la Russie a indiqué qu’il avait lancé cette attaque en réaction aux actions menées par les Ukrainiens dans les zones russes proches de la frontière, notamment près de Belgorod et Koursk. Depuis le 12 mars, des militants pro-ukrainiens russes, provenant de diverses unités affiliées à l’armée de Kiev, ont effectué des raids dans des zones situées au-delà de la frontière, hissant le drapeau ukrainien sur des édifices gouvernementaux. Durant sa campagne de réélection, le président russe Vladimir Poutine avait lui-même promis de se venger de l’augmentation de ces attaques sur le sol russe.

Cependant, ces incursions sur le territoire russe n’ont pas d’impact militaire direct. « Elles sont tout au plus considérées comme de simples égratignures », affirme un officier français. Cependant, elles font partie de la stratégie dite « des mille entailles », mise en œuvre depuis le début de l’année par le haut commandement de Kiev. Après l’échec de leur contre-attaque en été 2023 et le passage de leurs troupes en position défensive sur presque tout le front, les Ukrainiens ont choisi d’intensifier les activités aux marges du champ de bataille pour tenter de perturber l’effort de guerre russe. « On observe une stratégie ukrainienne indirecte visant à épuiser et à perturber les capacités qui permettent à la Russie de résister à long terme », estime une source militaire française.

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