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24 mars 2024 3 h 09 min

Les crises perturbent la programmation environnementale

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« En action pour rattraper le délai perdu, Gabriel Attal, Premier ministre, a rencontré les représentants de neuf organisations écologiques le jeudi 14 mars à Matignon, après avoir repoussé plusieurs fois la réunion. Ces derniers étaient saturés d’appréhensions à propos du nouvel homme à la tête du pays. Celui-ci, en à peine quelques semaines, a essayé d’apaiser les agriculteurs en revenant sur les régulations environnementales, et a déjà diminué le budget écologique de 2,2 milliards d’euros, le secteur le plus impacté par le récent plan d’austérité de 10 milliards d’euros.

« Dans mes excuses pour avoir omis de consulter les associations concernant la crise agricole », a déclaré M. Attal en début de discours, avant de souligner la « situation économique et financière difficile ». Il a également rappelé qu’il n’a jamais utilisé l’expression « écoterroriste », à la différence de Gérald Darmanin, le ministre de l’intérieur, une terminologie qui sera interdite dans son gouvernement, a-t-il promis.

« C’était surtout une posture d’écoute, » récapitule Antoine Gatet, président de Nature Environnement France. « Nous avions besoin d’entendre que le Secrétariat général pour la planification écologique [SGPE] continuera d’exister et qu’il pourrait potentiellement défier le ministre de l’agriculture. »

Deux heures plus tard, les militants ont quitté la réunion, toujours en attente. Où en est la planification écologique promise par Emmanuel Macron en 2022 ? Cette stratégie, qui vise à intégrer les chemins vers la décarbonisation au coeur des décisions politiques, existe-t-elle réellement au-delà des présentations PowerPoint préparées par le PSGE? »

Au commencement de l’année, la situation s’est révélée contradictoire. Cette semaine, le gouvernement a fièrement annoncé une diminution de 4,8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2023, selon les statistiques du Centre Interprofessionnel Technique d’Études de la Pollution Atmosphérique (Citepa) publiées le jeudi 21 mars. Bien qu’il soit complexe de distinguer les éléments structurels des facteurs conjoncturels – douceurs climatiques, sobriété forcée à cause de l’inflation, croissance stagnante…-, cette réalisation replace la France un peu plus sur la piste de son engagement à réduire de 55 % ses GES par rapport aux niveaux de 1990. Ceci marque la première phase vers l’objectif de neutralité carbone en 2050. Emmanuel Macron a exprimé sa satisfaction sur X, affirmant que « Pour maintenir notre trajectoire en 2023, notre but était d’émettre moins de 397 millions de tonnes de gaz à effet de serre. Nous avons émis 385 millions de tonnes ».

« C’est une époque particulièrement complexe »

Cependant, malgré ces bons résultats, les engagements pris en 2022 sont souvent négligés, ce qui suscite des préoccupations quant aux trajectoires de décarbonation dans le futur. En fait, le gouvernement répond aux crises en affaiblissant des piliers fondamentaux de la transition écologique. Les normes sur les haies ou les zones humides et le plan Ecophyto ont été simplifiées ; l’augmentation du budget de 10 milliards d’euros, tant louée par la majorité à l’automne 2023, a été significativement diminuée ; le leasing social qui permettait aux ménages les plus défavorisés d’acquérir un véhicule électrique a été stoppé dès le 12 février, en raison du manque de financement ; des jalons politiques potentiels tels que la « grande loi de programmation sur l’énergie et le climat » ont été reportés sine die…

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