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15 avril 2020 13 h 35 min

L’humour peut-il s’apprendre ?

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Schopenhauer et Kant soutenaient que toutes les plaisanteries n’étaient que la transgression délibérée et manifeste d’une règle de logique.
Quoique pas toujours, c’est souvent vrai.
Et c’est un bon procédé.
Un exemple « J’adore la nature », minaude une dame.
« Après ce qu’elle vous a fait, vous n’êtes pas rancunière ! » Il va de soi que le mot « nature » est pris dans deux sens différents.

Celui de campagne, paysages, par la dame.
Celui de « constitution naturelle » par l’auteur du mot.
C’est comme si on disait : « Le chien aboie » « or le chien est une constellation ».
« Donc une constellation aboie ».
Le raisonnement est faux, car le mot « chien » est pris dans deux sens différents.
On appelle cela un syllogisme à 4 termes.
En changeant de sens, on crée la surprise.
On la crée aussi en faisant ressortir un défaut sans gravité de l’interlocutrice, tout en la prenant au mot.
Accessoirement, on bouscule les usages, on agresse, et on transgresse.
Autre exemple Parlant des relations de 2 personnes quelqu’un avance que « il n’y a rien eu entre eux ».

« Pas même une chemise », s’entend-il rétorquer ? Encore un double sens ou polysémie.
« Rien entre eux » est d’abord pris au sens figuré, puis au sens propre.
La transgression, inattendue est à connotation sexuelle.
Ce procédé, le XVIIe siècle l’appelait « équivoque ».
Boileau lui a consacré une satire.
Molière l’utilise au début du « médecin malgré lui ».
Et La Bruyère en parle.
On utilise le verbe : « équivoquer ».
Les amateurs de plaisanteries, tiennent ainsi un procédé, qu’ils pourront approfondir et utiliser à leur gré, en cherchant des doubles sens possibles dans tout ce qu’ils entendent ou lisent.
Et en en tirant parti dans leurs réparties.