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Les grains russes seront imposés par les Européens

Bien que les dirigeants européens continuent d’insister sur leur appui à l’Ukraine, la réalité peut parfois contredire ces déclarations. À Bruxelles, lors d’une rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement les 21 et 22 mars, ils ont de nouveau assuré Kiev de leur soutien « indéfectible et permanent », selon les termes d’Emmanuel Macron le vendredi 22 mars. Cependant, ils cherchent simultanément à limiter les importations ukrainiennes de produits agricoles, qui depuis juin 2022, pénètrent le marché européen sans aucun frais de douane.

En réponse aux protestations des agriculteurs qui ont ébranlé le continent plus tôt cette année et en anticipation des élections européennes, susceptibles de propulser l’extrême droite à Strasbourg, de nombreux gouvernements préconisent cette limitation. La Pologne est en tête de cette liste, suivie de près par la Hongrie, la République Tchèque et la Slovaquie. Ces pays ont vu leurs marchés locaux déstabilisés par une influx de produits agricoles ukrainiens à bas coûts et demandent des ajustements depuis plusieurs mois.

Lorsque la Commission a suggéré, le 31 janvier, de prolonger l’accord de juin 2022 jusqu’en juin 2025, tout en envisageant de réinstaurer des taxes douanières pour trois produits – volaille, œufs et sucre – au-delà d’un certain quota d’importations, Varsovie et ses alliés se sont mobilisés pour demander plus. La France ainsi que l’Italie et la Grèce, qui partageaient une position similaire, ont cédé la direction de la révolte à Donald Tusk, le premier ministre polonais.
« ‘Paris est sorti du bois »‘ finit le texte.

Paris comptait sur l’appui du Parlement européen pour favoriser ses objectifs. En effet, les eurodéputés avaient plaidé pour un mécanisme plus sévère incluant certaines céréales telles que le blé, en tenant compte de l’année 2021 ainsi que la période précédant la guerre lorsque les exportations ukrainiennes vers le continent européen étaient moins importantes. Cette mesure pourrait impliquer une perte potentielle de 1,2 milliard d’euros pour Kiev.

Cependant, lors des dernières négociations entre les membres de l’Union et les eurodéputés, le Parlement européen a adopté une position moins combative qu’attendu et a revu ses aspirations à la baisse. En résultat, le 19 mars, les co-législateurs ont complété la proposition initiale de la Commission en y ajoutant un « mécanisme d’urgence » pour l’avoine, le maïs, le gruau et le miel, mais pas pour le blé, sans modifier la période de référence.

Le jour suivant, plusieurs villes ont demandé à ce que le sujet soit abordé par les chefs d’État et de gouvernement. C’est alors que Paris a pris position. Emmanuel Macron a demandé la réouverture des négociations le vendredi suivant, mais aucune ville ne l’a appuyé, même pas la Pologne, qui a obtenu que l’extension d’un an de l’accord de juin 2022 soit la dernière. Le texte sera donc présenté au vote, tel quel, le lundi 25 mars, mais la suite des discussions est encore imprévisible. Selon un diplomate européen, « Les téléphones vont être mis à rude épreuve ce week-end ».

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