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15 avril 2024 16 h 06 min

« Le Sympathizer »: Parcours tragique d’un homme, Prime Video

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De John Wayne en 1968 à Ken Burns en 2017, en passant par Francis Ford Coppola et Oliver Stone, les Américains, qu’ils soient belliqueux ou pacifistes, se sont toujours attribué le droit de raconter l’histoire du conflit en Asie du Sud-Est. Cependant, cela contredit le principe qui affirme que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire. En 2015, le livre « The Sympathizer » de Viet Thanh Nguyen a changé cette perspective. Publié par Grove Press, il a été traduit en français sous le titre « Le Sympathisant » en 2017.

L’auteur du livre, un exilé dont la famille a fui le Nord du Vietnam pour les États-Unis, raconte l’histoire tragique et pittoresque d’un narrateur anonyme à travers le Pacifique et les dernières années de l’occupation française au Vietnam. Il est recruté par le parti communiste pour infiltrer les services secrets du Sud du Vietnam, contribuant ainsi à la prise de Saigon.

Alors qu’il est sur le point de sortir de l’ombre, il est contraint par son ami d’enfance et officier traitant de suivre en exil le général du Sud qu’il servait, pour surveiller l’exode provoqué par la défaite américaine. Aux États-Unis, « Le Sympathisant » navigue entre la politique, la recherche universitaire et le show-business, étant même sollicité pour garantir l’authenticité d’un blockbuster sur la guerre du Vietnam. Il s’agit de reprendre l’histoire.

L’auteur Viet Thanh Nguyen a entrepris deux missions majeures: réactualiser l’histoire et critiquer symboliquement le monopole que les États-Unis ont eu sur la narration (qu’elle soit historique, documentaire ou fictive) d’un événement vraiment catastrophique, qui a non seulement traumatisé la superpuissance, mais a aussi dévasté la nation qui finalement l’a surmonté.

En 2021, l’écrivain a délégué l’adaptation de son roman « Le Sympathizer » au cinéaste coréen Park Chan-wook. Viveant en Californie, l’auteur Américain savait que cette production allait inévitablement l’impliquer dans l’industrie hollywoodienne. L’acteur Robert Downey Jr, qui avait récemment pris sa retraite de son rôle de super-héros, et visiblement (comme on peut le voir dans son implication dans le film « Oppenheimer »), cherchant à montrer que son temps en tant qu’Iron Man ne l’a pas limité dans sa capacité à exprimer d’autres personnages, est apparu non seulement en tant que coproducteur, mais surtout en tant que l’adversaire principal.

Il est confronté à l’acteur australien Hoa Xuande, d’origine vietnamienne, qui est à peu près méconnu. L’ancien Sherlock Holmes prend divers rôles tels qu’un agent de la CIA, un universitaire orientaliste, un politicien républicain, et un réalisateur autoritaire… L’interrogation principale était de voir si le projet de Park Chan-wook – qui a engagé l’acteur, scénariste et réalisateur canadien Don McKellar pour aider à créer la série – pourrait résister à l’influence de la grande vedette.
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