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21 mars 2024 21 h 13 min

« Cinéma du réel valorise œuvres poétiques »

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Un printemps atypique s’annonce avec la 46e édition du Cinéma du réel au Centre Pompidou à Paris, du 22 au 31 mars. Les questionnements autour du rôle du documentaire et son obsession pour le « réel » sont plus pertinents que jamais, compte tenu des événements récents : la sinistre guerre menée par Israël à Gaza en représailles aux attaques du Hamas le 7 octobre 2023, et le conflit qui stagne en Ukraine. Sans oublier la montée de l’extrême droite à l’approche des élections européennes de juin. Ces préoccupations troublantes se reflètent dans les œuvres sélectionnées.

Comment l’obscurité est-elle représentée dans les films, ou comment programmer pour l’année 2024 ? L’équipe du « réel », dirigée par la directrice artistique Catherine Bizern, a trouvé l’une des réponses les plus pertinentes à ce défi. La compétition de films de différentes durées esquisse un monde différent, suivant des arcs narratifs uniques. L’un d’eux est l’histoire de Derrick Johnson, un homme d’une quarantaine d’années qui quitte les États-Unis pour Cuba, capturé par l’objectif de Marie-Pierre Brêtas dans le touchant film Leaving Amerika. Au fil du voyage, il partage ses difficultés à « grandir » en tant qu’homme noir depuis son enfance. « Les cinéastes ancrés dans la réalité sont très sensibles à cette ambiance chaotique que nous traversons », explique Catherine Bizern. « Les films sélectionnés font face à la réalité contemporaine, tout en nous captivant par leur mise en scène. Ils transmettent plus qu’une idée, ils suscitent une émotion politique. »

« Le désir de résister ».

Chaque film de la compétition exprime, à sa manière, un désir de résistance. Commençons par la surprenante et émouvante odyssée Voyage à Gaza, la première œuvre majeure de Piero Usberti, un Franco-Italien, filmée en 2018 et montée jusqu’à la fin de septembre 2023. Regardant en arrière, ce portrait de l’enclave palestinienne offre une vision inédite de la ville, capturant la voix d’une jeunesse avide de vivre malgré l’oppression de l’occupation israélienne et du gouvernement du Hamas, qui interdit notamment les relations avant le mariage. Le film sera présenté le 23 mars, avec le réalisateur sur place, ayant partagé son expérience de tournage à la fois épuisante et palpitante au journal Le Monde.

Nous percevons aussi des réverbérations indirectes de la guerre en Ukraine, avec le retour en compétition de Virgil Vernier. Ce réalisateur a la capacité unique de transformer la réalité en conte, à travers ses portraits de diverses jeunesses, qu’elles soient aisées ou démunies., dans des films tels que Orléans (2012), Les Mercuriales (2014), Sophia-Antipolis (2018), et Sapphire Crystal (2019). Il présente un long-métrage, Imperial Princess, que nous n’avons pas eu l’occasion de voir. Prestation loin du front, il relate la vie quotidienne d’une jeune fille russe vivant seule à Monaco, se sentant en danger après que ses parents sont retournés vivre en Russie.

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