
La perspective d’une soirée parfaite se dessinait pour les fans turcs qui avaient envahi le Stade Olympique de Berlin, jusqu’à ces huit minutes tragiques, entre la 70ᵉ et la 78ᵉ minute du quart de finale contre les Pays-Bas (1-2), le samedi 6 juillet. Alors qu’elle était en tête par un but, la Turquie a capitulé deux fois, pour une frappe de la tête de Stefan de Vrij (70ᵉ), et pour un auto-but de Mert Müldür (76ᵉ), avant de perdre leur marqueur du jour, Samet Akaydin, sur une civière (78ᵉ). Les espoirs turcs de demi-finales se sont brusquement évaporés.
Les fans néerlandais pouvaient célébrer la qualification dans les gradins. Le concert de klaxons habituellement retentissant dans toutes les villes allemandes après chaque victoire turque, depuis le début du tournoi, est resté éteint. La fête était pourtant en pleine forme, jusqu’à ce moment, pour les fans des Bizim Çocuklar (« les Minots »), qui croyaient pouvoir remporter un duel entre des équipes qui n’avaient pas atteint les quarts de finale de l’Euro depuis 2008.
Recep Tayyip Erdogan, qui était premier ministre de la Turquie à l’époque, avait assisté au match remporté par son pays contre la Croatie (1-1, 3-1 aux tirs au but) à Vienne. Le président actuel était également présent le samedi, espérant apporter de la chance aux joueurs sélectionnés. Sa visite à Berlin n’était pas prévue, mais il a modifié son emploi du temps pour assister à ce match, suite à l’émergence d’une crise diplomatique entre son pays et l’Allemagne ces derniers jours.
La déclencheur a été le double fait par Merih Demiral lors des huitièmes de finale contre l’Autriche (2-1), mardi, plus spécifiquement la célébration de ce défenseur turc. Ce dernier avait symbolisé avec ses doigts le signe particulier des « Loups gris », un groupe ultra-nationaliste qui a été dissout en France en 2020 et qui est aligné avec le MHP, un parti d’extrême droite, faisant partie de la coalition gouvernementale dirigée par l’AKP du président Erdogan.
La procession des fans turcs a été interrompue
Ce geste, qui n’est pas illégal en Allemagne, a instantanément fait l’objet d’une investigation par l’Union européenne des associations de football (UEFA), qui supervise l’Euro, avant d’être critiqué par Nancy Faeser, ministre de l’Intérieur allemande, sur son compte X : « Le symbole de l’extrême droite turque n’est pas bienvenu dans nos stades. Utiliser l’Euro de foot comme une plateforme pour le racisme est entièrement inacceptable ». Une riposte immédiate du ministère des Affaires étrangères turc qui dénonçait, en retour, « les réactions politiquement tendancieuses » et « les attitudes xénophobes des autorités allemandes envers M. Demiral ».
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