Vladimir Poutine, le président de la Russie, effectuera sa première visite à l’étranger depuis son inauguration pour un cinquième mandat. Les 16 et 17 mai, il se rendra en Chine, un événement qui attire beaucoup d’attention. Cette visite d’Etat fait écho à celle effectuée par le président chinois, Xi Jinping, à Moscou en mars 2023. Elle coïncide également avec la célébration du 75e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux nations. Outre Pékin, Poutine se rendra aussi à Harbin, dans la région nord-est du Heilongjiang.
Bien que les rencontres entre les dirigeants russes et chinois soient presque monnaie courante, avec au moins trois réunions par an dans des contextes multilatéraux (comme les sommets du G20, des BRICS et de l’Organisation de coopération de Shanghaï), cette visite a une signification particulière. Pour la Russie, c’est l’occasion d’évaluer l’étendue d’une amitié proclamée en février 2022, vingt jours avant l’invasion en Ukraine, comme étant « sans limites ».
L’intensification des liens entre les deux capitales est, selon le spécialiste russe de la Chine Alexander Gabuev, l’une des conséquences géopolitiques les plus marquant de la guerre en Ukraine, comme il l’a rédigé début avril dans la revue Foreign Affairs. L’avenir de cette relation pourrait déterminer non seulement l’issue du conflit ukrainien, mais aussi la force de l’alliance contre l’Occident que Moscou et Pékin ont établie.
Vladimir Poutine, qui a pour habitude de citer des chiffres commerciaux pour souligner l’importance des échanges commerciaux lors de ses visites à l’étranger, pourra se rassurer en se remémorant la relation économique entre la Russie et la Chine. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont atteint 240 milliards de dollars (221 milliards d’euros), une augmentation spectaculaire par rapport aux 147 milliards de dollars de 2021, et surtout un succès majeur puisque cela a permis d’atteindre l’objectif fixé par MM. Xi et Poutine d’atteindre 200 milliards d’échanges d’ici 2025.
La Russie dépendante
Les domaines principaux de cette collaboration comprennent les matières premières et l’énergie du côté russe, et les produits manufacturés et industriels du côté chinois. Plus de la moitié du marché automobile russe est occupée par les constructeurs chinois. De son côté, la Russie est devenue le premier fournisseur de gaz à la Chine.
Cette tendance s’est intensifiée depuis le « pivot asiatique » de la Russie en 2014, à la suite de l’annexion de la Crimée et des premières sanctions occidentales. À partir de 2022, cette intensification est devenue de plus en plus évidente. Cette décision idéologique, une véritable insulte à l’Occident, est devenue une nécessité économique pour Moscou.
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