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28 avril 2024 17 h 06 min

« Pour une Europe unie, évitons le repli national »

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Alors que l’Union européenne se prépare à un renouveau politique avec les élections de juin, Emmanuel Macron, le président français, a de nouveau pris la parole à la Sorbonne le 25 avril pour partager sa vision de l’avenir de l’Europe, une démarche similaire à celle qu’il avait entreprise en 2017. Son choix d’adresser à nouveau son discours au même endroit, l’importance qu’il accordait à l’événement et la longueur de sa prise de parole ont souligné son engagement envers l’Europe, qui avait déjà été démontré lors de sa première victoire à l’élection présidentielle, célébrée au rythme de l’hymne européen.

Ce discours récent ne visait pas seulement à dresser un bilan, en soulignant l’importance de la réponse européenne aux crises actuelles, telles que la pandémie, la crise énergétique et la guerre en Ukraine, mais aussi à établir un programme clair. Son objectif était de développer un agenda stratégique et de « concevoir un nouveau paradigme européen ». Dans un monde de plus en plus instable et sujet à des conflits, le modèle géopolitique, économique et socioculturel de l’Union européenne semble désormais dépassé et le cours de l’histoire semble avoir changé. Un modèle qui a été conçu pour une fin de l’histoire heureuse et mondialisée risque de se retourner contre les Européens, alors que la guerre est de retour, que la démocratie libérale est attaquée et que les tensions internationales s’intensifient.

Il semble que le succès de cette portion de l’exercice est indéniable, d’autant plus qu’elle illustre une forte convergence entre le message d’Emmanuel Macron et les contributions récentes de figures proéminentes en Europe au débat. Le 25 avril, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a tenu un discours accentuant la volonté de bâtir une Europe comme « une puissance géopolitique ». De son côté, Enrico Letta a soumis le 17 avril à le Conseil de l’Europe son rapport sur le futur du marché unique. Finalement, Mario Draghi a exposé le 16 avril les points clés de son rapport imminent sur la compétitivité européenne. Chacun de ces individus reconnaît l’instabilité et les conflits mondiaux, et ils concluent tous que l’union est la meilleure réponse face aux menaces. Si l’Europe demeure fragmentée, elle fait face à un appauvrissement et une perte d’influence dans un monde qui semble hors de contrôle.
Ce diagnostic commun fait écho aux sentiments d’impuissance, aux peurs de déclassement ainsi qu’ aux préoccupations «identitaires» au sein de l’opinion publique. Et il donne lieu à un appel à un changement radical qui doit se concentrer sur trois points essentiels : prospérité et compétitivité (dimension économique, industrielle, technologique et sociale), pouvoir et sécurité (dimension géopolitique) et identité (dimension culturelle). Soit les européens trouvent des solutions en commun face aux transformations mondiales actuelles et futures (telles que les politiques agressives de la Russie, la formation de blocs autour de la Chine et des États-Unis, le changement climatique, le développement de l’intelligence artificielle, etc.), soit ils restent inactifs et cette inactivité les met en péril, poussant même le Président à utiliser des termes tragiques : « Notre Europe peut mourir » !
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