La banque UniCredit a subi une dénonciation forte de la part de Berlin, spécifiquement du chancelier allemand, le lundi 23 septembre. Olaf Scholz, lors d’une visite à New York, a critiqué énergiquement les tentatives de la banque italienne pour acquérir Commerzbank, sa rivale. Selon lui, les prises de pouvoir hostiles et les attaques inciviles ne sont pas bonnes pour les institutions financières.
Cette réaction a été déclenchée par une action inattendue de la part d’UniCredit quelques heures auparavant. La banque italienne avait annoncé dans une déclaration avoir augmenté sa part en actions dans Commerzbank de 11,5 % à l’aide d’instruments financiers, portant sa participation à 21%, sous réserve de la validation par la Banque centrale européenne (BCE).
Cette stratégie, qui ferait d’UniCredit l’actionnaire principal de Commerzbank, fait suite à son impressionnante acquisition de capitaux de la deuxième banque allemande plusieurs jours plus tôt. Le 11 septembre, UniCredit avait profité de la vente par Berlin d’une partie de ses titres Commerzbank (représentant 4,5 % du capital) pour acquérir un total de 9 % des actions. En effet, cette opération a permis à UniCredit de devenir du jour au lendemain le deuxième actionnaire du groupe, prenant les responsables politiques allemands par surprise.
Olaf Scholz a récemment fait une déclaration qui alimente la tension croissante entre Berlin et une banque italienne, qui sévit depuis près de deux semaines. Andrea Orcel, le PDG d’UniCredit, avait précédemment reconnu que son plan de fusion avec Commerzbank n’était pas particulièrement populaire en Allemagne, une information qu’il avait révélée plusieurs mois auparavant. Il avait assuré aux médias la semaine dernière qu’il ne tenterait pas de fusion sans l’approbation du gouvernement allemand, qui a depuis lors montré plusieurs signes de désapprobation. En effet, vendredi, le gouvernement a indiqué qu’il n’avait plus l’intention de vendre de nouvelles parts de Commerzbank, dont il possède encore 12% du capital. Un porte-parole a ensuite confirmé à la presse lundi que le gouvernement soutenait l’indépendance de l’établissement financier basé à Francfort et que cela avait été communiqué à UniCredit.
Cependant, le PDG résolu d’UniCredit n’a pas été dissuadé. Ayant une longue expérience dans les fusions et acquisitions lors de son travail à la banque américaine Merrill Lynch, l’Italien a précisé lundi qu’UniCredit avait fait une demande pour augmenter sa participation à 29,9% dans Comberzbank. Avec le soutien de Rome, Andrea Orcel semble déterminé à exercer une pression maximale sur le gouvernement d’Olaf Scholz, justement au moment où Bruxelles soutient un renforcement des marchés financiers européens. «UniCredit croit fermement qu’une union bancaire solide en Europe est essentielle au succès économique du continent », a déclaré la banque dans son communiqué, faisant référence à un rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne publié début septembre par Mario Draghi. L’ancien gouverneur italien de la BCE recommande notamment d’accélérer l’union des marchés de capitaux pour canaliser les économies des ménages vers les investissements privés en Europe.
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