Catégories: Economie
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27 mars 2024 15 h 13 min

« Marché immobilier des passoires thermiques recule »

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Dans son bureau immobilier Laforêt au cœur de Lille, Dominique Nadal a observé une « vague de mises sur le marché lorsque les bâtiments classés F et G, identifiés comme des passoires thermiques, ont commencé à être critiqués », suite à la loi sur le Climat et la résilience de 2021. Le statut législatif a interdit la location des logements les plus énergivores (classés G +) à partir du 1er janvier 2023, et envisage d’interdire tous les biens de classe G à compter du 1er janvier 2025, puis ceux de classe F en 2028 et de classe E en 2034.

Selon Nadal, « les propriétaires ont été effrayés. Lille, et en particulier le Vieux-Lille, compte de nombreuses anciennes constructions et de passoires thermiques, avec des fenêtres uniques, des permis à obtenir pour les rénovations, en somme, les gens ne voulaient pas se donner du mal ». Les propriétés ont alors été “vendues à bon prix, avec de légères remises ».

Une enquête publiée le mercredi 27 mars par SeLoger, un groupe immobilier, indique que le marché des passoires thermiques a perdu de son dynamisme. Après une période de transactions accélérées entre juillet 2021 et janvier 2023, le nombre de biens de classe F ou G mis en vente a diminué de 12% depuis le 1er janvier 2023. SeLoger note une « baisse non observée pour les propriétés classées A, B, C, D (0%) et E (+ 1%) », sur la base des annonces publiées sur son site, des transactions conclues par les agences partenaires de MeilleursAgents, et d’une étude réalisée par OpinionWay. La remise sur ces propriétés a augmenté.

La correction partielle du secteur immobilier s’explique par la rénovation énergétique des propriétés, selon un site d’immobilier. En 2023, environ un tiers des propriétaires ont déclaré avoir effectué des travaux de rénovation, ce qui a permis à une propriété sur cinq d’être retirée des classes F ou G. Thomas Lefebvre, vice-président des données chez SeLoger, commente que la législation commence à avoir des effets positifs, et que le parc immobilier s’améliore progressivement. Dominique Nadal a également souligné que les propriétaires entreprennent progressivement des travaux d’isolation, surtout à Lille où le chauffage est important une grande partie de l’année, rendant l’isolation bénéfique du point de vue du coût de l’électricité.

De plus, le recul des propriétés énergivores sur le marché est également dû à la réticence des vendeurs à vendre, alors que l’augmentation des taux d’intérêt a fait reculer les prix de l’immobilier et rendu les acheteurs moins solvables. Caroline Amouyal, qui gère une agence immobilière Century 21 à Lyon, note que la vente de logements énergivores est devenue compliquée dans le marché baissier actuel, avec de nombreux propriétaires qui réévaluent leur décision de vente. Le reste de cet article est réservé aux abonnés.