
Myriam Makhzami prend toujours l’habitude de poser la question lorsqu’elle assiste à des soirées : « Possèdes-tu Letterboxd ? » Pour cette jeune femme de 24 ans, cela lui permet d’engager des conversations sur le cinéma, de « présenter [son] identification » cinématographique, mais surtout, de socialiser. Letterboxd, un réseau social lancé en 2011 par Matthew Buchanan et Karl von Randow, offre à ses utilisateurs – de simples amateurs de cinéma aux réalisateurs les plus renommés – une plateforme pour enregistrer, évaluer, critiquer et classer les films qu’ils voient. Ils y tiennent également un journal de leurs visionnages, créent des listes personnalisées (leurs films favoris, ceux qu’ils recommandent ou souhaitent voir, etc.) et suivent l’activité d’autres utilisateurs pour trouver de nouvelles suggestions.
La plateforme a suscité un véritable sentiment d’appartenance chez ses utilisateurs, créant une nouvelle génération de cinéphiles. Mal connu du grand public il y a quatre ans encore, Letterboxd a vu son nombre d’adhérents bondir de 2 à plus de 15 millions entre 2020 et 2024. Cette évolution est en partie due à la fermeture des cinémas durant la pandémie, qui a incité un public de jeunes adultes passionnés de cinéma à investir davantage les réseaux sociaux pour poursuivre leur passion. Une enquête réalisée par la plateforme en mai 2024 indique que 66 % de ses utilisateurs sont âgés de moins de 34 ans, constituant ainsi le cœur de sa communauté.
Le 18 septembre marque la reprise du Club AlloCiné au Forum des images, situé dans le premier arrondissement de Paris. Myriam Makhzami, étudiante en communication, étend ses expériences cinématographiques en assistant à l’avant-première d’Anora, un nouveau film réalisé par Sean Baker, vainqueur de la Palme d’or en 2024. Une longue projection de deux heures dix-neuf minutes, suivie d’un dialogue avec la réalisatrice et l’actrice principale Mikey Madison, stimule Makhzami à partager son opinion sur le film en ligne. Une notation cinq étoiles, un commentaire succinct de neuf mots, et son avis est publié. Cette année, l’habituée du monde du cinéma parisien a évalué 156 films via une application, qu’elle utilise méticuleusement. Elle compare le processus de découverte de films sur l’Internet à celui de l’espionnage, poursuivant un schéma infini de cliquer sur un film, un réalisateur, des acteurs. Ella Kemp, la rédactrice en chef de Letterboxd basée à Londres, soutient que Letterboxd est une plateforme précieuse pour les cinéphiles pour s’amuser, partager leurs films préférés, conserver un historique et rencontrer une communauté de passionnés. Le reste de cet article, représentant 66.51% du texte reste, est exclusivement réservé aux abonnés.
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