Attention, spoilers ! Bien que cette mise en garde semble inutile, l’intrigue se dévoile dès le titre de la série « Le Monde n’existe pas ». Ce qui commence comme un simple polar se mue progressivement, tout en douceur et sans pitié, en une réflexion ironique qui érode les bases mêmes de la réalité et de son image. L’argument principal s’articule autour de meurtre et d’enquête, de secrets ancêtres enterrés. Pourtant, l’émotion générée par ces quatre épisodes se rapproche plus d’une sensation de vertige artistique que de l’excitation typique des polars. Il est peut-être moins violent, mais d’autant plus unique et précieux.
Adam Vollmann (joué par Niels Schneider), à l’écran, mène une carrière numérique de journaliste. Il est le conduit des tragédies et des contes absurdes qu’il dispense aux abonnés du site qui l’emploie, sans que rien ne puisse le sortir de son état catatonique. Jusqu’à ce qu’il découvre un fait divers survenu à Guerches-sur-Isoire, une ville (fictive) minière du nord, où une adolescente a été tuée, vraisemblablement par un professeur de tennis nommé Axel Challe. Adam Vollmann convainc son rédacteur en chef qu’étant un enfant du pays, il connaît le suspect principal. Mais à peine affecté (en spéciale), Adam faillit à toutes ses responsabilités journalistiques, en rendant ses articles tardivement, s’il les rend, et en s’immisçant dans la vie des principaux acteurs du meurtre. Ces personnages ne respectent pas non plus les règles conventionnelles du genre, à commencer par la mère de la victime, Mme Montes (Anne Rotger), qui a nommé sa fille Lola sans hésitation.
Thème de l’effacemen.
Transformés en collines pittoresques, les anciens terrils dominent la ville de Guerches, dont le passé semble indéchiffrable aux yeux des habitants actuels. Ces silhouettes du passé sont omniprésentes tout au long du « Monde n’existe pas », où Adam, autrefois connu sous le nom de Corentin, raconte son histoire.
Il décrit passionnément son ancien amour, Axel Challe, et les persécutions qu’il a subies de ses camarades. Pour surmonter ce traumatisme, il s’est armé d’indifférence et de muscles, à tel point que Niels Schneider (connu pour sa fréquentation assidue d’une salle de sport de haut standing) semble commencer à ressentir la tension de cette armure lorsque le passé refait surface. Ces confrontations peuvent se présenter lors d’un rendez-vous avec ses anciens persécuteurs ou lors d’une conversation avec l’épouse d’Axel, Sarah (interprétée par Maud Wyler, reconnue pour porter le sarcasme à son apogée).
Plutôt que de faire apparaître le « vrai » Corentin, comme le prévoirait un scénario typique, son retour à Guerches conduit à une nouvelle désintégration de sa personnalité. En tant que journaliste, il ne parvient pas à accomplir la tâche qui lui a été prescrite par sa direction (« tu es là pour faire un reportage, pas pour mener une enquête ») et il a encore plus de mal à rassembler les fragments de son adolescence. D’autres le font à sa place, le blâmant tour à tour pour le décès de sa mère et pour avoir incendié un lycée.
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