Dans le documentaire de François-Xavier Destors et Alfonso Pinto intitulé « Toxicily, » la peur est perceptible à travers un jeune homme qui fait le plein dans une station-service nocturne à Augusta, une ville du nord de Syracuse, en Sicile (Italie). Cette ville abrite l’un des principaux centres industriels d’Europe qui, depuis son établissement dans les années 1950, a nuis à la santé de la population et à l’environnement. La charmante Sicile touristique est bien loin de cette triste réalité.
À l’origine, la venue de la raffinerie de pétrole avait apporté un certain espoir à la population locale. Cependant, le dommage écologique et la dégradation de la santé des résidents, marqués par des sols pollués, des poissons d’apparence inhabituelle et une myriade de maladies, a transformé cette région en cauchemar environnemental et sanitaire.
Le prêtre local, Don Palmiro, dédié le 28 de chaque mois à une messe commémorative pour ceux qui ont perdu la vie – les employés touchés par le cancer, les bébés souffrant de malformations, et autres. Il y a également ceux comme une jeune fille souffrant de maux d’estomac qui vivent dans l’incertitude d’un futur incertain, ne sachant pas si elle sera capable d’avoir des enfants.
En dépit de quelques tentatives de sensibilisation sur des plateformes d’information spécifiques, la désolation environnementale à Augusta se trouve sous-documentée. Est-ce la conséquence de la mafia ou la crainte de perdre son emploi, une pratique courante étant que les pères passent leurs postes à leurs fils? Une déclaration entendue est particulièrement dérangeante : « Il est préférable de mourir d’un cancer que de la faim. » Les enfants, comme le fils d’un ouvrier d’usine pétrochimique, sont parfois les plus francs. Quand sa mère lui propose de visiter l’usine où son père travaille, sa réponse est catégorique : « Non, je ne veux pas mourir. »
Parole muselée
Les cinéastes ont opté pour une approche qui met en avant cette parole muselée, tout en prenant le temps de présenter les acteurs sur place. Diplômé en histoire, François-Xavier Destors a réalisé divers documentaires d’investigation, dont Rwanda, la surface de réparation (2014), et Norilsk, l’étreinte de glace (2018), une recherche sur un ancien goulag fermement contrôlé par des producteurs de cuivre et de nickel. Alfonso Pinto, chercheur et natif de Palerme en Sicile, a écrit l’ouvrage intitulé Anthropocène, âge du désastre. Les catastrophes industrielles et leurs imaginaires (Ed. 205, 2023).
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