Thomas Jolly, un dramaturge de 42 ans, a su immaculément orchestrer les cérémonies des Jeux olympiques et paralympiques, les structurant comme des chapitres d’une histoire dont il a été le principal artisan. Son œuvre a capturé la splendeur de Paris et a célébré la diversité de la France, tout en soulignant l’utopie unificatrice des Jeux et l’inclusion des personnes handicapées. Sa mise en scène, qui se déploie de la Seine à la place de la Concorde et finit au Stade de France (Seine-Saint-Denis), mêle de manière de plus en plus intimiste le sport, la musique et la danse.
Cette chronique créative s’est conclue par une célébration du corps sous toutes ses formes : les corps des athlètes, des artistes sur scène, et enfin, le corps collectif du public. Ce dernier, après avoir écouté Aya Nakamura et Céline Dion lors de la cérémonie d’ouverture des JO le 26 juillet, a chanté des tubes français emblématiques et a dansé, les bras en l’air, lors de la nuit de clôture des Jeux paralympiques le 8 septembre.
Le producteur Romain Pissenem était préoccupé par le défi d’immerger tout le public dans le spectacle, y compris ceux assis tout en haut des gradins. Thomas Jolly partageait cette même obsession. Toutefois, pour lui, l’ambition de capter l’attention de chaque spectateur dans la salle ne se limitait pas à l’espace du stade, il cherchait aussi à toucher ceux qui n’avaient pas franchi les portes de l’événement. Pour lui, le « spectacle immersif » de Pissenem est sa propre vision du « théâtre populaire », dont le but est non seulement d’engager l’audience présente, mais aussi de convaincre ceux qui sont absents de participer.
Thomas Jolly a toujours visé à attirer un large public avec ses mises en scène, réussissant ainsi à le faire. Ses œuvres, dont certaines pourraient facilement être appréciées par des rockers habitués aux performances live, sont particulièrement appréciées par les jeunes. Elles sont marquées par des effets d’éclairage qui modèlent l’espace, des bandes sonores, des comédiens qui s’engagent totalement dans le combat des mots et des actions et des effets de scène comme des fumigènes et des jets de lasers.
Que ce soit en se lançant dans une performance shakespearienne de dix-huit heures (Henri VI) ou en revisitant l’opéra rock Starmania en utilisant, entre autres effets spéciaux, un hologramme de France Gall, Jolly n’hésite pas à stimuler l’intellect et les émotions de son public. Que ce soit la joie, les larmes, la terreur ou l’émerveillement, il n’hésite pas à provoquer n’importe quel sentiment. Et aucun défi, si gigantesque qu’il soit, ne semble l’effrayer. Jolly relève ces défis avec succès.
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