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« Tatami » contre tous extrémismes

L’histoire de Zar Amir est fascinante. Elle est née il y a quarante-trois ans à Téhéran, où elle a gagné une grande popularité en tant qu’actrice de cinéma et de télévision, en participant notamment à la célèbre série Nargess. Sa carrière iranienne prend un tournant abrupt en 2006 avec la diffusion d’une « sextape » d’elle et son partenaire. En 2008, le jour de son procès, elle s’échappe à Dubaï, puis arrive vite en France. Après quelques travaux temporaires, elle fait un retour courageux dans sa carrière avec des réalisateurs iraniens de la diaspora européenne.

Grâce à sa détermination, elle remporte le Prix d’interprétation féminine à Cannes en 2022 pour son rôle dans Les Nuits de Mashhad, un film du réalisateur danois d’origine iranienne Ali Abbasi. La mort de Mahsa Amini, une étudiante arrêtée pour « port de vêtement inapproprié », la pousse à soutenir ouvertement la révolution de la jeunesse iranienne en 2022. Encore une fois, elle se retrouve sous les projecteurs, co-réalisant le film Tatami avec l’Israëlían Guy Nattiv. Dans ce film, elle joue Maryam, l’entraîneuse d’une judokate iranienne à qui on donne l’ordre de se retirer plutôt que de faire face à une rivale israélienne.

Comment avez-vous rencontré votre co-réalisateur, Guy Nattiv ?

Tout a commencé avec une demande de casting. C’était avant que je ne reçoive mon Prix d’Interprétation à Cannes. J’ai soumis une vidéo, puis plus tard, j’ai rencontré Guy Nattiv à Los Angeles, où j’étais en tournée avec Les Nuits de Mashhad. J’avais déjà lu le script et j’avais des commentaires à propos de mon personnage, qui manquait de profondeur sur le plan socio-politique à mon avis. Guy, étant une personne ouverte, nous avons retravaillé le personnage avec sa co-scénariste, Elham Erfani. De plus, comme j’avais dirigé le casting des Nuits de Mashhad, Guy m’a demandé de faire de même pour son film. J’étais tellement investie dans le projet que Guy, qui ne se sentait pas pleinement compétent sur le sujet, a fini par me demander de co-diriger avec lui.
Ce partenariat israélo-iranien est une première dans l’histoire du cinéma. N’avez-vous pas eu peur, compte tenu de la situation au Moyen-Orient et de la détérioration des relations entre vos deux pays, qu’il ne vous expose à un risque ?

Assurément, l’Iran a déjà utilisé son armée numérique contre nous. Avant de donner mon accord, j’ai pris un moment pour réfléchir. J’étais curieux de connaître les motivations de Guy, l’importance politique du film, et les personnes qui pourraient potentiellement être mises en danger. Finalement, j’ai réalisé que ces inquiétudes étaient les mêmes que celles du personnage que je joue, qui a agi sous la dictée et qui regrette ses actions, et j’ai approuvé la proposition de Guy. Notre film combat naturellement toutes les formes d’extrémisme, qu’il soit iranien ou israélien. Quoi qu’il en soit, en Iran, le sionisme ou tout lien avec Israël est une accusation utilisée principalement pour justifier la répression et trouver une raison pour prouver la culpabilité des victimes du régime, qui n’ont bien sûr aucun lien avec cela. J’ai donc pris ce risque, et maintenant c’est fait ! J’ai fait toutes les choses interdites.

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