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« Question complexe des restitutions chinoises »

Chaque nuit, une performance théâtrale se déroule dans le désert de Gobi, au sein des grottes de Dunhuang, un site patrimonial chinois qui regroupe plus d’une centaine de temples et chapelles taillés dans la roche entre le 4ème et le 14ème siècle. Cette pièce, jouée devant une foule de 1000 spectateurs, dépeint le « saccage » de leurs trésors par des acteurs déguisés en occidentaux.

Au commencement du vingtième siècle, sous le régime déclinant des Qing, les rumeurs de la présence de richesses à Dunhuang, alors pratiquement délaissé, ont suscité l’intérêt d’archéologues et d’explorateurs occidentaux. C’est dans ces circonstances que le sinologue français Paul Pelliot (1878-1945), affilié à l’Ecole française d’Extrême-Orient, a acquis pour une somme modique des milliers de manuscrits, de peintures et d’estampes. Ces artefacts sont actuellement conservés au Musée Guimet et à la Bibliothèque nationale en France.

Petit geste d’apaisement : la France a fait cadeau à la Chine de microfilms de certains manuscrits. Cependant, le sujet reste un point sensible pour les diplomates français. Comme l’exprime l’un d’eux : « Notre stratégie est de revendiquer notre présence partout, sauf là où notre passage a été néfaste. Concrètement, nous nous investissons davantage dans des projets tels que l’armée de terre cuite à Xian que dans ceux de Dunhuang. »

Lors de sa nomination à la présidence du Musée Guimet en novembre 2022, Yannick Lintz a été mise en garde sur la délicatesse du sujet des œuvres de Dunhuang, des pièces précieuses de la collection qui sont présentées en alternance. Rejetant toute forme de culpabilité, elle a choisi d’opter pour une stratégie de transparence et de communication. En fin mars, elle s’est rendue à l’académie de Dunhuang avec un projet en tête : proposer une collaboration visant à mettre en valeur leur héritage par le biais de la numérisation des collections pour une restitution en ligne. Son idéal étant de reproduire à Dunhuang un équivalent du fac-similé de la grotte de Lascaux. Sa collaboration avec les autorités chinoises lui a valu le titre d’ambassadrice culturelle de Dunhuang.

A Beijing, aucune revendication officielle pour la restitution des œuvres originales n’a été faite jusqu’à maintenant. Le gouvernement chinois n’a pas non plus demandé la restitution des milliers d’œuvres et articles pillés par les armées françaises et anglaises lors de la seconde guerre de l’opium en 1860, lors du pillage du Palais d’été (Yuanmingyuan), ces objets sont maintenant dispersés dans des collections privées ou des musées à l’étranger. Ce palais composé d’environ deux cents résidences impériales, comparable à la splendeur de Versailles, a été incendié et ses trésors – calligraphies, soies, bijoux, porcelaines, meubles, etc. – ont été emportés.

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