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« Macbeth: Stratégie et Paranoïa à Comédie-Française »

Dans l’adaptation radicale de la tragédie de Macbeth par Silvia Costa à la Comédie-Française, se dépeint une ambiance oppressante et sombre, sans la moindre lueur d’espoir, comme guide dès le premier acte par William Shakespeare vers la mort.
En étant conscient de la vieille superstition interdisant de prononcer le nom de la « pièce écossaise » sur scène à la salle Richelieu sous peine de malheur, elle a été débarrassée de certains de ses personnages. Seulement huit des trente acteurs originaux sont présents, mais les principaux ne manquent pas, notamment les trois sorcières qui apparaissent devant Macbeth (joué par Noam Morgensztern) et Banquo (Clément Bresson) prédise au premier de devenir roi et au second d’être le père des rois.
Cette invocation des créatures surnaturelles condamne le récit à une série de meurtres sanglants. Avec l’aide de Lady Macbeth, son épouse (Julie Sicard), Macbeth élimine tous ceux qui pourraient entraver son ascension au trône. Le couple est impitoyable, le premier meurtre (celui de Duncan, le roi d’Écosse, joué par Alain Lenglet) n’étant que le début d’une brutalité orchestrée mêlant savamment stratégie et paranoïa, détermination et désespoir, rationalité et hallucinations.

Dans le cinquième acte de la pièce de Shakespeare, Lady Macbeth, rongée par le remords, se donne la mort, tandis que son mari, Macbeth, est tué par Macduff – un personnage poignant incarné par Pierre Louis-Calixte – qui avait vu sa famille être massacrée par ce dernier. L’auteur et traducteur Yves Bonnefoy décrivait l’œuvre de Shakespeare comme la visite de « Macbeth dans les cercles les plus profonds de la nuit humaine ». C’est dans cet espace d’illégalité que se déroule une performance presque mortelle, dont il faut louer l’audacieuse absence de adoucissement de l’environnement.

La pièce de Silvia Costa est placée dès le début dans l’inéluctable, c’est-à-dire dans cet instant de la mort qui ne progresse plus le long de la ligne habituelle du présent au futur. Contrôlé par l’artiste, ce moment n’est plus un flux, mais un gouffre. Il se replie sur lui-même et fige tout le monde en place. Ainsi, Macbeth reste silencieux et immobile pendant de longues minutes après avoir tué Duncan. Ces silences ou pauses de l’action, ce voyage sinistre dans les abysses, peuvent sembler ingrats. C’est le risque accepté par une performance qui est l’opposé des notions de distraction.

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