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13 avril 2024 23 h 12 min

Quête de Justice du Fils Sylla

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Dans les dernières heures de ce matin de février, Boulaye Sylla semble être une simple réplique de lui-même. Assis sur le canapé, ses jambes délicates semblent disproportionnées, encadrées par deux de ses grands-oncles. Au sein du foyer familial à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le jeune homme de 25 ans d’origine mauritanienne bafouille des mots de français, murmure à peine discernable. Son oncle Soumare Silly se charge de traduire les interrogations en langue soninké, dialecte de l’Afrique occidentale. Les regards sombres de Boulaye Sylla présentent souvent un voile distant, comme s’il était encore tourmenté par le décès soudain de son géniteur.

« Hier, un individu a succombé à la suite d’un incident professionnel, a déclaré Alexis Corbière, député de La France Insoumise (LFI), à l’Assemblée nationale le 13 juillet 2022. Je refuse que ce tragique décès soit trivialisé. » Cet individu était Moussa Sylla, un agent d’entretien. Sa vie lui a été brutalement arrachée à la veille de la séance à l’Assemblée, après que sa tête a violemment heurté un mur, dans les profondeurs du Palais-Bourbon.

Moussa Sylla a émigré en France en 2003 où il a enchaîné des travaux modestes avant d’être naturalisé dix ans plus tard. Un grand pourcentage de son revenu est envoyé chaque mois à sa famille, composée de sa mère, son épouse et ses deux enfants, vivant dans une maison en terre battue à Ould M’Bonny, une communauté agricole dans le sud de la Mauritanie. Il assume deux rôles professionnels: un à la société de nettoyage Europ Net, filiale de l’Assemblée nationale, qui lui paie environ 900 euros par mois et le second à la société de services Sodexo où il gagne 600 euros mensuellement. Bien que le rythme de travail soit épuisant, le Mauritanien gagne à peine plus que le salaire minimum. Son fils a mentionné qu’il savait que son père était fatigué, même s’il n’avait jamais véritablement avoué.

Rachel Keke dirige un mouvement de solidarité

Boulaye Sylla, le fils de Moussa, a reçu un appel téléphonique le 9 juillet 2022 lui informant d’un accident grave impliquant son père. À l’époque, ayant abandonné l’école au collège, le jeune homme travaillait dans une épicerie locale. Il se souvient précisément de ce jour, étant l’Aïd el-Fitr, célébration marquant la fin du jeûne du Ramadan. Son père succombe à ses blessures trois jours plus tard à l’hôpital. Boulaye mentionne que la perte de son père a été une épreuve très difficile pour lui.

Un élan de solidarité se manifeste rapidement à l’Assemblée nationale. Une cérémonie commémorative est tenue une semaine après la mort de Moussa Sylla. Elle a lieu Place du Président-Edouard-Herriot, à proximité immédiate du Palais-Bourbon. Les députés de la Nupes, en collaboration avec les syndicats de nettoyage et le personnel de l’Assemblée, s’efforcent de sensibiliser l’opinion publique à cette tragédie. Rachel Keke, une députée LFI du Val-de-Marne et originaire de Côte-d’Ivoire, est en première ligne de ce mouvement. Ayant elle-même affronté les difficultés liées à la sous-traitance, Rachel a été une militante dévouée pour les droits des femmes de chambre à l’Hôtel Ibis-Batignolles, à Paris, avant de prendre ses fonctions à l’Assemblée en juin 2022.
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